Le Château de Pommiers

Surplombant de plus de 170 mètres une boucle de la Couze qu'envahit la végétation, jouissant d'une vue admirable, le château de Pommiers vit le jour à la fin du Moyen Age au XIV ème siècle. Si près de six siècles ont patiné ses pierres, il n'a subi que peu de modifications avec ses murs de près de 1,50 m d'épaisseur, ses grosses tours d'angles, ses créneaux, ses mâchicoulis et reste un témoignage des siècles passés.

Une grande terrasse borde la façade au-dessus de la vallée. Le très bel escalier de la tour principale, "escalier à noyau plein " (avec marches en pierre, d'une seule pièce) permet l'accès à l'étage.

A l'intérieur, dans la grande salle à manger, l'élément décoratif principal est une remarquable cheminée de pierres, d'époque, dont le linteau porte les armes des seigneurs de Pommiers :

"Trois Pommes d'Or sur un champ d'Azur, au label d'Argent".

C'est une vieille demeure seigneuriale, siège d'un ancien fief hommagé au Vicomte de Turenne en 1459,1609 et 1696. Les seigneurs qui l'habitaient, simples écuyers, c'est à dire au dernier rang de la noblesse n'ont pas joué un rôle bien important. Cependant, ils furent très certainement contemporains des Croisades et eurent un représentant à la montre d'Eyrnoutiers(1).

On les trouve sur un rôle (2) de 1560 portés pour la somme de 30 sols (3) et le seigneur de Pommiers est inscrit sur le "rolle de la noblesse du Bas Limousin pour l'assemblée des Etats provinciaux du Bas Limousin, tenue à Tulle, au mois de mars 1588, pour élire les députés aux Etats Généraux convoqués à Blois ". Il ne s'y rendit pas et la mention "deffaut" se trouve à côté de son nom.

II y a lieu de croire qu'ils vivaient assez retirés dans leur château, se contentant de toucher les rentes et autres droits attribués à leur fief, qui ne s'étendait dans les environs que dans certaines dépendances des villages du SOULIE, de MASLEGREZE et surtout de La BOUQUERIE et du CAUSSE.

Dans la paroisse de SAINT CERNIN, les redevances étaient perçues dans les dépendances de LAROCHE et d'ACHEZ et d'une partie du CAUSSE et du SOULIE par le seigneur de COUZAGES, dans une autre partie de ces derniers quartiers et dans les environs de MASLEGREZE et de La BOUQUERIE par le seigneur de Pommiers, et du côté de FOURNET par le seigneur de CHABRIGNAC.

Le 8 juin 1702, les habitants du village de La BOUQUERIE avaient fait une reconnaissance au seigneur messire LOUIS DU FRAYSSE, écuyer, seigneur de BEAUSOLEIL et de POMMIERS, par contrat reçu par de LAROCHE, notaire. Ce tènement de La BOUQUERIE avait une contenance de 138 quartonnées et les tenanciers devaient payer une "rente annuelle perpétuelle la quantité de froment quatre sestiers, seigle trois sestiers (4), avoine deux sestiers, argent dix sols, gélines deux journées d'hommes deux les jours de ST JULIEN et de NOEL".

Voici le nom de quelques seigneurs de Pommiers:

Bernard de Pommiers, mentionné sous le nom de Bernardus de Pommiers, dans la charte 791, vers l'an 1080, etc... publié par M. CHAMPEVAL

Phelip de Pommiers, escuier en brigandines, salade, vouge, espée et dague, revue militaire la plus ancienne de la noblesse du Limousin qui eut lieu le mercredi 2 janvier 1470.

Gabrielle de Pommiers avait épousé Germain du FRAYSSE, de la famille des du Breuil de Beausoleil et c'est par ce mariage que furent introduits à Pommiers les seigneurs de Beausoleil qui ajoutèrent à leur titre celui de Seigneurs de Pommiers. Ce mariage est révélé par un contrat concernant la rente due sur le moulin de Saint Cernin et passé au Château de Pommiers le 13 janvier 1646.

Marguerite du Fraysse est décédée à Pommiers le 25 juillet 1678 et a été inhumée dans l'église le lendemain.

Léonard du Fraysse, né le 20 février 1689. E, 1720 devenu capitaine d'artillerie signait "Le Chevalier de Beausoleil" . Il était monté d'un degré dans l'ordre de la noblesse'le titre de chevalier n'était pas héréditaire mais tout à fait personnel). II mourut à Pommiers le 3 février 1774 à l'âge de 85 ans et fut inhumé le lendemain dans l'église de Saint Cernin".

Marie Aymé du Fraysse, née en 1712, mentionnée comme "fille aînée et héritière du seigneur du Fraysse", dans un traité d'arrangement de famille, passé en double au château de Pommiers le 10 novembre 1763 fut la dernière de cette famille qui habita Pommiers où elle mourut célibataire le 18 janvier 1781, à l'âge de 69 ans et fut enterrée le lendemain dans le cimetière de Saint Cernin.

Marie du Fraysse est décédée à Pommiers le 3 juin 1764 inhumée le lendemain dans l'église de Saint Cernin.

Charles Louis du Fraysse est mort lui aussi à Pommiers le 8 janvier 1753 inhumé dans l'église dans les tombeaux de ses prédécesseurs. Sa femme, Marguerite de Fontanges lui survécut pendant près de vingt années. Elle s'éteignit aussi à Pommiers le 24 avril 1772 à l'âge de 80 ans et fut aussi ensevelie dans l'église.

Devint alors héritier son cousin Messire Léonard Dumas, seigneur de Daignac, périgourdin, décédé en 1781. Sa veuve Marie est décédée à Pommiers le 1er mars 1809, à l'âge de 69 ans. Avec elle se termine l'occupation du château par ceux qu'on appelait les seigneurs de Pommiers.

A partir de cette époque, cette demeure resta inhabitée par ses propriétaires et tomba dans le délabrement le plus complet. Elle appartint successivement aux familles:

o Duroy de Chaumareix (originaire de Vars, dont l'un des leurs fut le commandant de "La Méduse")

o Juge de la Ferrière

o Devenue la propriété de Monsieur Devillegoureix, le château fut entièrement restauré en 1894, sous la direction de Monsieur Fournet, architecte à BRIVE.

o Depuis 1969, il appartient à Madame Lacombe Mauranges qui l'habite et qui l'a meublé avec beaucoup de goût.

(1) revue militaire la plus ancienne de la noblesse du Limousin.

(2) rôle (ou rolle) : liste des impôts.

(3) 20 sols = 1 livre (un ouvrier qualifié gagnait 20 sols/jour) 1 vache valait 20 livres

(4) 1 sestier (1sixième) ancienne unité de mesure qui valait 0,4661 L

 BIBLIOGRAPHIE:

- dictionnaire des paroisses de la Corrèze - Tome III (Chanoine Poulbrière)

- les annales de Saint Cernin (Dr R.Laffon)